Le paradoxe n’a jamais été aussi criant. Welcome to the Jungle, l’entreprise qui a bâti sa réputation sur la promotion du bien-être au travail et la culture d’entreprise épanouissante, traverse aujourd’hui une zone de turbulences sociales qui fait vaciller son image. La start-up française, devenue en quelques années l’incontournable référence du recrutement dans l’écosystème tech, se retrouve confrontée à la dure réalité économique qui rattrape nombre d’entreprises de la French Tech : l’impératif de rentabilité face à des investisseurs de plus en plus exigeants.
L’ironie de la situation n’échappe à personne : celle qui conseillait les autres entreprises sur les bonnes pratiques managériales se voit contrainte d’orchestrer un plan de départ massif touchant près de 40% de ses effectifs. Comment cette licorne potentielle est-elle passée du statut d’employeur modèle à celui d’entreprise en restructuration ? Plongée dans les coulisses d’une transformation qui secoue tout un écosystème et révèle les fragilités d’un modèle économique encore incertain.
Une vague de départs qui secoue Welcome to the Jungle
L’information a fait l’effet d’une déflagration dans le monde des start-ups françaises. Le 10 avril 2025, Welcome to the Jungle a officiellement signé un accord de rupture conventionnelle collective (RCC) avec les représentants de son comité social et économique (CSE). Cette procédure, ouverte à 102 salariés sur les 260 que compte l’entreprise en France, prévoit que 60 personnes au maximum pourront quitter l’entreprise, et que 35 postes ne seront pas remplacés.
La méthode est moins brutale qu’un plan social classique, mais l’ampleur reste considérable : près de 40% des effectifs sont potentiellement concernés par cette restructuration. « Pour les équipes, le coup est rude », confie un salarié sous couvert d’anonymat. « L’entreprise qui prônait un monde du travail apaisé se retrouve à appliquer les méthodes qu’elle dénonçait dans ses contenus. C’est le monde à l’envers. »
L’équipe éditoriale de Welcome to the Jungle, pilier historique de la marque qui produisait des contenus sur le monde du travail, est la principale victime de cette réorganisation. Ses onze membres, ainsi que la petite dizaine de vidéastes rattachés au marketing, ont été informés à la mi-janvier que la direction prévoyait de supprimer leurs postes. En remplacement, seulement trois nouveaux postes de managers de contenus pour les entreprises seront créés.
« Du jour au lendemain, on m’annonce que mon poste est supprimé, mais qu’en même temps la procédure de départs est sur la base du volontariat », témoigne une salariée concernée par le plan. « Quatre jours après, mon manager m’a demandé quels étaient mes projets futurs. En gros, on nous force à partir en nous disant « prenez ce qu’on vous donne, c’est déjà bien ». »
Cette décision stratégique a provoqué une onde de choc interne d’autant plus violente que l’entreprise avait construit toute sa réputation sur le bien-être au travail et l’épanouissement professionnel. Un message qui résonne désormais comme un cruel paradoxe pour les salariés touchés par cette vague de départs.
« L’entreprise sait qu’ils ont créé une marque très forte sur le bien-être au travail. On se sentait protégés, c’est le rêve de la « start-up nation » qui s’écroule un peu », estime un autre salarié qui souhaite conserver l’anonymat.
L’impact sur l’image employeur de Welcome to the Jungle est immédiat et prévisible : sur les réseaux sociaux professionnels, les témoignages affluent et questionnent l’authenticité des valeurs jusqu’alors brandies comme un étendard par l’entreprise. Un coup dur pour celle qui se présentait comme l’ambassadrice des bonnes pratiques RH.
Rupture conventionnelle collective : un choix stratégique ou une fuite en avant ?
La direction de Welcome to the Jungle a délibérément évité de recourir à un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) – dispositif encadré juridiquement qui reconnaît explicitement les difficultés économiques d’une entreprise. À la place, elle a opté pour une rupture conventionnelle collective, un dispositif plus souple introduit par les ordonnances Macron en 2017, qui permet théoriquement des départs basés sur le volontariat.
Ce choix n’est pas anodin et soulève des questions sur la stratégie RH déployée. « On a choisi de faire une RCC car ça correspondait mieux à notre culture d’entreprise », justifie Jérémy Clédat, fondateur et codirigeant. « Beaucoup d’entreprises dans la tech nous ont dit qu’un PSE, c’était long et que ça impactait durement les équipes. »
Une explication qui ne convainc pas totalement les salariés concernés, qui y voient plutôt une manière d’éviter l’étiquette « plan social » tout en atteignant le même objectif de réduction d’effectifs. « On sent une sorte d’hypocrisie dans ce discours », confie un employé du service marketing. « On nous parle de volontariat alors que nos postes disparaissent. Quelle est notre marge de manœuvre réelle ? »
Du côté du CSE, les négociations ont été intenses pendant plusieurs mois. Si l’accord a finalement été signé, plusieurs représentants du personnel expriment en privé leurs doutes sur la réalité du caractère volontaire de la démarche. L’un d’eux nous confie : « Quand on supprime votre poste et qu’on vous propose ensuite un départ « volontaire », la pression est implicite mais bien réelle. C’est un plan social déguisé. »
Les conditions financières proposées aux salariés partants dépassent néanmoins le cadre légal : en plus des indemnités conventionnelles, les partants toucheront 3 500 euros brut par année d’ancienneté, ainsi qu’un congé de mobilité de cinq mois à 70% du salaire, ou une prime de reclassement s’ils retrouvent un emploi rapidement.
Mais que se passera-t-il si les 35 salariés dont les postes disparaissent refusent de signer leur rupture conventionnelle ? L’accord garantit que l’entreprise ne pourra effectuer de licenciements économiques durant six mois, mais plusieurs employés craignent d’être mis à l’écart, puisque leur service n’existera plus dans la nouvelle organisation. Les équipes ont vingt et un jours pour prendre leur décision, avec des départs effectifs prévus début juin.
Cette situation révèle le grand écart entre le discours officiel de l’entreprise sur le bien-être au travail et les pratiques de gestion des ressources humaines en période de tension économique. Elle illustre aussi le désengagement progressif qui s’installe chez les collaborateurs face à ce qu’ils perçoivent comme une rupture de confiance majeure.
Welcome to the Jungle : portrait d’une start-up en quête de rentabilité
Pour comprendre cette restructuration, il faut remonter aux origines de Welcome to the Jungle. Fondée en 2015 par Jérémy Clédat et Bertrand Uzeel, la start-up française s’est rapidement positionnée comme un média innovant dédié à l’emploi, transformant la façon dont les entreprises tech et les candidats entraient en relation. Son approche disruptive – valoriser la culture et l’ambiance des entreprises à travers des contenus de qualité – a séduit tant les recruteurs que les talents en recherche.
En quelques années, Welcome to the Jungle a levé près de 70 millions d’euros auprès d’investisseurs de renom, dont Bpifrance, Revaia (ex-Gaia Capital) et XAnge. Sa dernière levée en série C de 54 millions d’euros en novembre 2021 lui a permis d’accélérer son développement international et d’enrichir sa plateforme technologique. Le tout en pleine période post-Covid, où le marché du recrutement tech était en effervescence.
Malgré ces succès apparents, un problème de fond demeure : Welcome to the Jungle n’est toujours pas rentable après une décennie d’existence. Selon nos informations, l’entreprise affiche des pertes avoisinant 10 millions d’euros ces deux dernières années. Une situation qui devient de plus en plus difficile à justifier auprès des investisseurs, alors que l’écosystème tech mondial est entré dans une phase de rationalisation depuis 2023.
« Nous avons dit régulièrement que si la situation ne s’améliorait pas d’ici cette année, nous serions obligés de faire des choix plus difficiles », explique Jérémy Clédat. Une manière diplomatique d’admettre que le modèle économique initial – basé sur un contenu éditorial premium et des services de recrutement – n’a pas atteint le point d’équilibre espéré.
Cette quête de rentabilité intervient dans un contexte où plusieurs start-ups françaises emblématiques ont dû elles aussi procéder à des réductions d’effectifs, comme Alan, Payfit ou Backmarket. Le modèle de croissance à tout prix, alimenté par des levées de fonds successives, montre ses limites face à un marché du recrutement tech qui s’est considérablement refroidi.
L’ironie est palpable : Welcome to the Jungle, qui conseillait les entreprises sur la façon de construire une culture forte et d’attirer les talents, se retrouve confrontée aux mêmes dilemmes que ses clients. La start-up doit désormais prouver qu’elle peut devenir une entreprise pérenne, rentable, tout en préservant ce qui faisait sa spécificité sur un marché du recrutement de plus en plus concurrentiel.
Une équipe éditoriale sacrifiée au nom de la productivité
La décision la plus symbolique de cette restructuration reste la suppression quasi-totale de l’équipe éditoriale. Une équipe qui constituait pourtant l’ADN originel de Welcome to the Jungle et avait contribué à forger son identité de média RH de qualité.
« C’est un virage à 180 degrés », témoigne un ancien rédacteur. « On passe d’une plateforme avec du contenu éditorial indépendant sur la culture d’entreprise et le bien-être au travail, à un simple outil de matching automatisé entre candidats et recruteurs. » Les onze membres de l’équipe éditoriale, ainsi que les vidéastes qui produisaient les reportages au cœur des entreprises, ont ainsi appris en janvier que leurs postes étaient voués à disparaître.
En lieu et place, Welcome to the Jungle prévoit l’arrivée de trois « managers de contenu » pour les entreprises clientes. Une évolution qui marque un repositionnement clair : le contenu ne sera plus un média indépendant mais un service aux entreprises, orienté vers la valorisation de leur marque employeur et le storytelling RH.
Ce pivot stratégique s’accompagne d’une mutation profonde de l’identité même de Welcome to the Jungle. D’un média innovant consacré aux bonnes pratiques RH, l’entreprise devient un outil B2B de recrutement automatisé. « On sacrifie notre expertise éditoriale, qui faisait pourtant notre différence sur le marché », regrette un salarié du département contenu.
Cette évolution questionne également la communication interne de l’entreprise. Comment expliquer aux équipes que la production de contenu indépendant et de qualité, longtemps présentée comme la valeur ajoutée de la plateforme, devient soudainement dispensable ? « On nous a toujours dit que notre contenu éditorial était crucial pour attirer les candidats et les entreprises. Aujourd’hui, on nous explique que ce n’est plus stratégique », s’étonne une journaliste de l’équipe éditoriale.
Cette rupture culturelle illustre les tensions qui traversent le modèle économique de nombreuses start-ups : entre la vision initiale, souvent idéaliste, et les impératifs de rentabilité qui s’imposent avec le temps. Pour Welcome to the Jungle, le défi est désormais de préserver son image de marque distinctive dans un secteur où la commoditisation des services de recrutement menace constamment les acteurs établis.
Une stratégie technologique centrée sur l’IA et l’automatisation RH
Face à ces défis économiques, Welcome to the Jungle mise résolument sur l’innovation technologique pour se réinventer. La start-up accélère son virage vers l’intelligence artificielle et l’automatisation des processus RH, espérant ainsi réduire ses coûts opérationnels tout en augmentant la valeur ajoutée pour ses clients.
« Nous investissons massivement dans nos outils de matching intelligent », confirme Charles Guirriec, directeur technique de Welcome to the Jungle. « Notre objectif est de proposer aux recruteurs des candidats parfaitement adaptés à leurs besoins, au-delà des simples critères de CV. » L’entreprise a ainsi développé plusieurs algorithmes d’IA capables d’analyser les profils des candidats et de les mettre en relation avec les offres d’emploi correspondantes, en tenant compte de facteurs comme la culture d’entreprise ou les soft skills.
Cette évolution vers le « recrutement intelligent » se traduit notamment par le lancement de « Jungle Smart Sourcing », une fonctionnalité permettant aux recruteurs d’identifier proactivement des candidats correspondant à leurs critères, même lorsque ces derniers ne sont pas en recherche active. Un outil qui s’appuie sur l’analyse prédictive et le traitement du langage naturel pour affiner les recherches.
L’automatisation RH concerne également l’évaluation des candidatures, avec des outils de présélection capables d’analyser automatiquement les CV et les lettres de motivation. « Nous utilisons l’IA pour faire gagner du temps aux recruteurs sur les tâches à faible valeur ajoutée », explique un porte-parole de Welcome to the Jungle. « Ils peuvent ainsi se concentrer sur l’humain lors des entretiens. »
Cette stratégie d’innovation technologique répond à une double nécessité : se différencier sur un marché saturé d’acteurs proposant des services similaires, et réduire la dépendance aux équipes humaines pour certaines tâches répétitives. Un pari qui s’inscrit dans la lignée des grandes tendances RH actuelles, où l’intelligence artificielle devient un levier central de transformation.
Mais cette focalisation sur la technologie soulève aussi des questions. Welcome to the Jungle parviendra-t-elle à maintenir sa promesse d’humanisation du recrutement tout en automatisant une part croissante de ses processus ? L’équilibre entre technologie et humain, qui faisait jusqu’alors l’originalité de la plateforme, risque d’être fragilisé par ce virage stratégique vers l’IA.
Échec en République tchèque, ambitions au Royaume-Uni et aux États-Unis
La restructuration de Welcome to the Jungle s’inscrit également dans un contexte d’ajustement de sa stratégie internationale. Après plusieurs années d’expansion, la start-up française a connu des fortunes diverses sur les marchés étrangers, l’obligeant à revoir son approche globale.
Premier revers significatif : la fermeture en janvier 2025 du bureau tchèque, ouvert avec ambition trois ans plus tôt. « Le marché d’Europe centrale s’est avéré plus complexe que prévu », admet un cadre dirigeant de l’entreprise. « Les spécificités locales et la concurrence établie ont limité notre capacité à nous imposer rapidement. » Cette fermeture a entraîné le licenciement d’une quinzaine de collaborateurs basés à Prague.
Paradoxalement, Welcome to the Jungle maintient ses ambitions sur les marchés anglo-saxons, jugés plus matures et plus rentables. La start-up a ainsi finalisé fin 2024 l’acquisition de Otta, une plateforme britannique de recrutement tech, pour un montant estimé à 25 millions d’euros. Cette opération lui permet de renforcer sa présence au Royaume-Uni, où elle avait déjà ouvert un bureau en 2022.
Aux États-Unis, marché considéré comme stratégique, l’entreprise a également acquis Lymia, une jeune pousse spécialisée dans le recrutement par intelligence artificielle basée à Boston. « Le marché américain représente une opportunité de croissance majeure », explique Jérémy Clédat. « Notre approche différenciante du recrutement peut séduire les entreprises tech en recherche d’innovations RH. »
Cette stratégie d’expansion sélective témoigne d’un recentrage des priorités internationales : plutôt que de multiplier les implantations, Welcome to the Jungle concentre désormais ses efforts sur les marchés les plus prometteurs en termes de rentabilité. Une approche plus pragmatique qui tranche avec l’ambition initiale de conquérir rapidement de multiples territoires.
Cette reconfiguration internationale s’accompagne logiquement d’une réorganisation des équipes. Les fonctions support internationales, auparavant dispersées dans chaque pays, sont désormais centralisées au siège parisien. Une rationalisation qui contribue également à la vague de départs en cours.
Une culture d’entreprise sous tension : entre désillusion et résistance
Au-delà des aspects économiques et stratégiques, cette restructuration révèle une crise plus profonde au sein de Welcome to the Jungle : celle de sa culture d’entreprise. L’entreprise qui avait fait du bien-être au travail et de l’épanouissement professionnel sa marque de fabrique se retrouve confrontée à un paradoxe existentiel.
« Il y a un décalage abyssal entre le discours et la réalité », témoigne un salarié présent depuis quatre ans. « On nous parlait d’horizontalité, de transparence, de confiance, et on se retrouve avec des décisions verticales, prises dans l’opacité, qui génèrent de la défiance. » Ce sentiment de trahison est particulièrement marqué chez les employés les plus anciens, qui avaient adhéré au projet initial de l’entreprise.
Les valeurs fondatrices de Welcome to the Jungle – authenticité, bienveillance, excellence – sont désormais perçues par certains comme un simple exercice de storytelling RH, déconnecté des pratiques réelles. « On a participé à la construction d’un storytelling que l’entreprise elle-même ne respecte pas », regrette un membre de l’équipe éditoriale.
Cette désillusion se traduit par des signes tangibles de désengagement. Sur les réseaux sociaux internes, la participation aux discussions a fortement diminué ces derniers mois. Les événements d’entreprise, autrefois très suivis, peinent à mobiliser. « L’ambiance est morose », confirme un manager intermédiaire. « Les gens sont dans l’attente, certains préparent déjà leur départ, d’autres font le dos rond en espérant ne pas être concernés. »
Face à cette crise identitaire, certains salariés tentent néanmoins de résister et de préserver ce qui peut l’être de l’esprit originel. Des groupes de réflexion informels se sont constitués pour proposer des alternatives à la direction. « On essaie de rappeler que notre force, c’était justement cette approche humaine du recrutement », explique une salariée engagée dans cette démarche.
L’enjeu pour Welcome to the Jungle est désormais de reconstruire une culture d’entreprise cohérente avec son nouveau positionnement. Un défi d’autant plus complexe que l’image employeur de l’entreprise, jusqu’alors exemplaire, se trouve écornée par cette restructuration. « La question que tout le monde se pose, c’est : comment une entreprise qui a perdu la confiance de ses propres salariés peut-elle continuer à conseiller d’autres entreprises sur leur culture ? », s’interroge un observateur du secteur.
Welcome to the Jungle peut-elle rebondir ?
Face à ces multiples défis, Welcome to the Jungle se trouve à un carrefour stratégique décisif. La question qui se pose désormais est celle de sa capacité à rebondir après cette restructuration douloureuse. Plusieurs scénarios se dessinent pour l’avenir de la start-up française.
Le premier enjeu est celui de la rentabilité. Selon nos informations, l’objectif affiché auprès des investisseurs est d’atteindre l’équilibre financier d’ici la fin du second semestre 2025. « Cette restructuration, aussi difficile soit-elle, était nécessaire pour assurer la pérennité de l’entreprise », affirme un membre du comité de direction. La réduction significative de la masse salariale, couplée à l’automatisation croissante des processus, devrait permettre de réduire les coûts opérationnels d’environ 30%.
Sur le plan de l’innovation, Welcome to the Jungle mise sur trois axes de développement : l’intelligence artificielle appliquée au matching candidats-entreprises, l’analyse prédictive des tendances du marché de l’emploi, et l’expérience utilisateur personnalisée. « Nous investissons massivement dans notre plateforme technologique pour créer une expérience de recrutement radicalement nouvelle », souligne Charles Guirriec.
L’enjeu du capital humain reste néanmoins crucial. Comment l’entreprise parviendra-t-elle à remotiver les équipes restantes après cette vague de départs ? « Nous travaillons sur un nouveau pacte social interne », assure la direction des ressources humaines. « L’objectif est de redonner du sens et une vision claire à tous nos collaborateurs. » Un chantier qui s’annonce complexe tant la confiance a été ébranlée.
Sur le marché, Welcome to the Jungle devra également clarifier son positionnement. Entre plateforme technologique de recrutement et média RH, l’entreprise doit désormais choisir clairement son combat. « Le risque est de perdre en route ce qui faisait notre différenciation », s’inquiète un responsable commercial.
Plusieurs observateurs du secteur restent néanmoins optimistes sur les capacités de rebond de la start-up. « Welcome to the Jungle dispose d’atouts importants : une marque forte, une base clients solide, et une technologie en constante évolution », analyse Mathieu Rosier, expert du secteur HR Tech. « La question est de savoir si elle saura préserver son ADN tout en évoluant vers un modèle économique viable. »
La réponse à cette question dépendra largement de la capacité de l’équipe dirigeante à transformer cette crise en opportunité de réinvention. Le chemin s’annonce escarpé pour Welcome to the Jungle, mais son histoire n’est certainement pas terminée.
Conclusion
La restructuration que traverse Welcome to the Jungle illustre les défis auxquels sont confrontées de nombreuses start-ups françaises arrivées à maturité : concilier vision fondatrice et réalité économique, maintenir une culture d’entreprise authentique malgré les pressions financières, et pivoter stratégiquement sans perdre son âme.
Pour la start-up qui avait fait du bien-être au travail sa raison d’être, cette épreuve représente un test existentiel dont l’issue déterminera sa place future dans l’écosystème tech français et international. Au-delà du cas particulier de Welcome to the Jungle, c’est tout un modèle de croissance qui est questionné, celui de la « start-up nation » confrontée à l’impératif de rentabilité.
L’ironie de voir une entreprise spécialisée dans les bonnes pratiques RH traverser elle-même une crise sociale majeure ne doit pas masquer l’essentiel : la capacité d’adaptation et de résilience reste la qualité première des organisations qui durent. Welcome to the Jungle saura-t-elle transformer cette jungle interne en nouveau territoire d’opportunités ? Les prochains mois seront décisifs.
Source : https://www.blog-rh.com/2025/04/welcome-to-the-jungle-crise/