Industrie

ACI Group en sursis : l’avenir des salariés en suspens

L’essentiel à retenir : Le tribunal accorde un sursis d’une semaine à ACI Group suite à une nouvelle offre de refinancement jugée sérieuse. Ce délai prolonge l’incertitude pour 1 300 salariés, dont le sort reste suspendu à la gestion d’une *dette colossale* de 55,7 millions d’euros. La pérennité de ce géant industriel aux 33 entités demeure critique.

L’angoisse des 1 300 salariés s’intensifie alors que le tribunal de Lyon vient d’accorder un nouveau aci group sursis d’une semaine. Cette décision de justice prolonge l’agonie d’un empire industriel, malgré les promesses de refinancement de dernière minute. Notre analyse décrypte les coulisses de ce dossier explosif, de la chute en cascade des filiales aux lourdes accusations de malversations visant la direction.

  1. ACI Group : un sursis d’une semaine qui prolonge l’agonie
  2. Philippe Rivière : le « sauveur » autoproclamé au cœur de la tourmente
  3. Un effet domino dévastateur pour les filiales du groupe
  4. L’état et les syndicats : un dialogue de sourds

ACI Group : un sursis d’une semaine qui prolonge l’agonie

Un répit de courte durée accordé par la justice

Le couperet n’est pas tombé ce 9 décembre, mais l’épée de Damoclès reste bien là. Le tribunal des affaires économiques de Lyon a octroyé un nouveau sursis d’une semaine à la holding ACI Group, repoussant l’échéance fatidique au 16 décembre.

Contre toute attente, les avocats de Philippe Rivière ont sorti une nouvelle proposition de refinancement de leur chapeau. Une offre jugée « suffisamment sérieuse » par le parquet et les juges pour justifier ce bref délai de respiration.

Pour les 1 300 salariés, ce aci group sursis ressemble à une torture psychologique, laissant leur sort suspendu à une décision judiciaire qui tarde à venir.

Les chiffres clés d’un géant aux pieds d’argile

La structure, placée en redressement judiciaire depuis septembre, ressemble à un château de cartes regroupant pas moins de 33 entités industrielles disparates.

Si le groupe affiche un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros en 2024, cette façade masque mal une dette abyssale de 55,7 millions d’euros qui menace tout l’édifice.

Indicateur Donnée
Date de création 2019
Nombre de salariés 1 327
Nombre d’entités 33
Chiffre d’affaires 2024 120 M€
Dette 55,7 M€

Graphique illustrant le sursis accordé à ACI Group et les chiffres clés de la dette et des salariés

Philippe Rivière : le « sauveur » autoproclamé au cœur de la tourmente

La stratégie du « serial repreneur » et la défense de l’industrie française

Philippe Rivière a cofondé ACI Group avec Patrice Rives en 2019, bâtissant un édifice industriel complexe. Leur méthode reposait quasi exclusivement sur le rachat d’une trentaine d’entreprises en difficulté. C’était une course effrénée à la croissance externe.

L’homme d’affaires se présentait publiquement comme le chantre de la « souveraineté industrielle française ». Ce discours patriotique a initialement séduit, masquant la fragilité du modèle économique.

Le groupe a ainsi étendu son emprise sur des secteurs vitaux, consolidant une structure hétérogène autour de marchés exigeants :

  • Fourniture de pièces pour l’industrie de la défense
  • Fourniture de pièces pour l’aéronautique
  • Fourniture de pièces pour le nucléaire civil

Un « Bernard Tapie bis » sous enquête judiciaire

Désormais, la réalité judiciaire rattrape la fiction managériale. Philippe Rivière fait l’objet d’une enquête pénale pour des soupçons de malversations et d’abus de biens sociaux. Cette situation critique a logiquement conduit à sa destitution de son mandat de gestion. Ce sont maintenant des administrateurs judiciaires qui tentent de sauver les meubles.

La colère des représentants du personnel est palpable face à ce gâchis. La CGT, par la voix de Fabrice Fort, fustige cette « boulimie » d’achats et n’hésite pas à qualifier le dirigeant de « Bernard Tapie bis ».

Pourtant, malgré le récent aci group sursis, Rivière affiche une confiance qui détonne. Il se dit toujours « optimiste » et a assuré avoir proposé des « solutions pérennes » aux juges.

Un effet domino dévastateur pour les filiales du groupe

Au-delà de la holding, la crise de confiance autour du dirigeant se propage et frappe de plein fouet l’ensemble de l’édifice industriel, avec des conséquences concrètes pour de nombreuses sociétés et leurs employés.

La cascade des redressements judiciaires

La situation de la holding contamine tout le reste. C’est mécanique : une quinzaine de sociétés, représentant près de 300 salariés, se trouvaient déjà en redressement judiciaire avant même ce nouveau coup dur.

Cette stratégie de rachat boulimique, censée sauver l’industrie, montre aujourd’hui ses limites les plus cruelles face à la réalité économique.

La liste s’allonge malheureusement dans la Loire, où le tribunal a placé quatre nouvelles entités sous protection judiciaire :

  • AMM42 située à Champdieu ;
  • MCA basée à Roche-la-Molière ;
  • Somer implantée à La Ricamarie ;
  • MDV, également à La Ricamarie.

Des liquidations déjà actées et des emplois perdus

Pour certaines structures, le couperet est tombé. La liquidation judiciaire de Tôle et Design à Saint-Etienne a été prononcée, scellant le sort d’une entreprise prise dans la tourmente du aci group sursis.

Une période de continuation de trois mois a été accordée, mais soyons honnêtes, l’espoir d’une reprise reste infime.

Le bilan humain s’alourdit avec cinq autres sociétés liquidées, dont SV Industries, Vissal Manufacturing, Qarboon, Berthier-Alpes et ACI Maintenance. Résultat des courses : une soixantaine de salariés se retrouvent brutalement sur le carreau.

L’état et les syndicats : un dialogue de sourds

La colère de la CGT face à l’inaction de l’état

Alors qu’un nouveau aci group sursis est acté, la CGT ne vise pas que la direction. Le syndicat met l’État en cause.

La CGT accuse l’État d’être « responsable » en ayant accordé des aides publiques « sans contrepartie, sans contrôle, sans transparence ».

  • Une accusation de « siphonner les trésoreries » pour se poser en sauveur ;
  • Le reproche au gouvernement de « dérouler le tapis rouge aux fonds vautours » ;
  • Une critique acerbe envers la Banque publique d’investissement (BPI).

La réponse prudente du gouvernement

Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, suit l’affaire de près. Il a promis que l’État agirait.

L’État examinera « toutes les filiales, les unes après les autres » pour « tenter de trouver des repreneurs« , reconnaissant la diversité des situations.

Sophie Binet a rappelé que ce cas s’inscrit dans une série d’autres difficultés industrielles, comme chez Novasco.

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Si ce délai d’une semaine offre un mince répit, il prolonge surtout l’angoisse de 1 300 salariés dont le sort dépend désormais d’hypothétiques repreneurs. Au-delà des démêlés judiciaires de Philippe Rivière et des polémiques sur l’usage des fonds publics, c’est tout un pan de la souveraineté industrielle française qui vacille.