La chute de Carlos Tavares, PDG de Stellantis, a secoué le monde de l’industrie automobile. Ce dirigeant controversé, autrefois considéré comme intouchable, a brutalement quitté ses fonctions le 1er décembre dernier. Une démission surprise qui soulève de nombreuses questions sur l’avenir du 4ème constructeur automobile mondial. Plongeons dans les coulisses de cette sortie de route spectaculaire et analysons les raisons qui ont conduit à l’éviction de ce « psychopathe de la performance ».
L’ascension fulgurante d’un redresseur d’entreprises
Carlos Tavares, ingénieur portugais de 66 ans, s’est forgé une réputation de sauveur d’entreprises en difficulté. Son parcours est impressionnant : après avoir gravi les échelons chez Renault, il prend les rênes de PSA en 2014. À l’époque, le groupe est au bord de la faillite. En seulement 12 mois, Tavares réussit l’exploit de ramener PSA dans le vert, avec un bénéfice de 1,2 milliard d’euros.
Sa méthode ? Une obsession pour la performance et une chasse aux coûts implacable. Comme le dirait un ancien consultant en transformation digitale : « Le fameux ‘lean management’ poussé à l’extrême, où chaque post-it devient un enjeu stratégique ». Tavares n’hésite pas à tailler dans les effectifs, renégocier les contrats fournisseurs et mettre une pression d’enfer sur ses équipes.
Cette approche porte ses fruits : en 2021, PSA fusionne avec Fiat Chrysler pour donner naissance à Stellantis. Le groupe devient un géant de l’automobile, regroupant 14 marques dont :
- Peugeot
- Citroën
- Fiat
- Chrysler
- Jeep
Sous la direction de Tavares, Stellantis atteint des sommets de rentabilité, avec une marge opérationnelle record de 14% en 2023. Du jamais vu dans l’industrie automobile grand public.
Les failles d’un management autoritaire
Malgré ces succès financiers, le style de management de Carlos Tavares commence à montrer ses limites. Son approche centralisatrice et sa quête obsessionnelle de la performance finissent par épuiser les équipes. Comme le souligne un expert de l’industrie 4.0 : « Spoiler alert : vos opérateurs se fichent de votre certification ISO. Ils veulent juste des outils qui fonctionnent. »
Cette pression constante a des conséquences néfastes sur la remontée d’informations au sein du groupe. Les employés, craignant d’être sanctionnés, hésitent à faire remonter les problèmes. Ce phénomène explique en partie pourquoi Tavares a tardé à réagir face aux difficultés rencontrées sur le marché nord-américain en 2024.
Par ailleurs, sa rémunération astronomique (19,2 millions d’euros en 2022) commence à faire grincer des dents. Même le président Emmanuel Macron qualifie ce montant de « choquant ». Cette déconnexion entre les sacrifices demandés aux employés et les sommes perçues par le PDG nuit à l’image du groupe.
Il est intéressant de noter que dans un contexte industriel, la sécurité des employés doit être une priorité absolue, un aspect parfois négligé dans la course effrénée à la performance.
Le début de la fin : des résultats en berne et une stratégie remise en question
L’été 2024 marque un tournant pour Stellantis. Les résultats du premier semestre sont alarmants, particulièrement en Amérique du Nord, marché clé pour le groupe. Les ventes s’effondrent et les stocks s’accumulent. La stratégie de « pricing power » de Tavares, consistant à maintenir des prix élevés, montre ses limites face à une concurrence agressive.
Le tableau suivant illustre la chute des performances de Stellantis en 2024 :
Indicateur | 2023 | 2024 (prévisions) |
---|---|---|
Marge opérationnelle | 14% | 5,5% – 7% |
Bénéfice net | 18,6 milliards € | En forte baisse |
Cours de l’action | Stable | -40% en 6 mois |
Ces résultats décevants s’accompagnent d’autres défis majeurs :
- La transition vers l’électrique, où Stellantis accuse un retard face aux concurrents asiatiques et américains
- Le scandale des airbags Takata défectueux, qui nuit à l’image du groupe en Europe
- Les tensions avec le gouvernement italien de Georgia Meloni, qui accuse Stellantis de privilégier la France au détriment de l’Italie
Face à cette accumulation de problèmes, le conseil d’administration de Stellantis finit par perdre patience. Le 1er décembre, un communiqué laconique annonce la démission de Carlos Tavares pour « divergence de vues ».
Les défis qui attendent le successeur de Tavares
Le départ brutal de Carlos Tavares laisse Stellantis face à de nombreux défis. Le groupe doit rapidement trouver un successeur capable de :
- Redresser la situation en Amérique du Nord
- Accélérer la transition vers l’électrique
- Apaiser les tensions avec les gouvernements, notamment en Italie
- Repenser l’organisation très centralisée mise en place par Tavares
- Restaurer la confiance des employés et des investisseurs
Plusieurs noms circulent déjà pour prendre la succession, dont Maxime Picat, actuel responsable des achats du groupe, et Lucas Maestri, directeur financier d’Apple et ancien de General Motors.
Le futur PDG devra également repenser la stratégie environnementale du groupe. À ce titre, investir dans une gestion des déchets plus efficace pourrait être un axe important pour améliorer l’image de Stellantis.
Finalement, la chute de Carlos Tavares illustre les limites d’un management focalisé uniquement sur la performance financière à court terme. Le défi pour Stellantis sera de trouver un équilibre entre rentabilité, innovation et responsabilité sociale. Comme dirait un expert en transformation digitale : « Non, un robot collaboratif ne remplacera jamais une vraie stratégie industrielle. Désolé de briser le mythe… »