
Le lundi de Pentecôte est un jour férié légal en France, inscrit depuis 1886 dans le Code du travail. Mais depuis la création de la journée de solidarité en 2004, il peut être travaillé dans certaines entreprises, sans majoration ni rémunération supplémentaire.
En pratique, seule une minorité de salariés sont concernés. La plupart des Français ne travaillent pas ce jour-là, mais tout dépend de votre convention collective ou d’un accord d’entreprise spécifique.
Ce jour férié trouve son origine dans la fête chrétienne de la Pentecôte, qui célèbre la descente de l’Esprit Saint sur les apôtres, cinquante jours après Pâques. Sa date varie chaque année en fonction du calendrier liturgique.
Quelle est la date du lundi de Pentecôte ?
Lundi de Pentecôte : pourquoi ce jour férié est-il particulier ?
Le lundi de Pentecôte figure officiellement parmi les 11 jours fériés légaux reconnus par le Code du travail en France. Mais contrairement à la plupart des autres jours fériés, il fait l’objet d’une réglementation particulière depuis 2004, qui en fait un cas à part dans le monde du travail.
Tout commence avec la canicule de 2003, qui provoque la mort de plus de 15 000 personnes, principalement des personnes âgées ou dépendantes. Face à cette tragédie nationale, le gouvernement Raffarin crée une mesure inédite : une « journée de solidarité » obligatoire, destinée à financer des actions en faveur de l’autonomie des personnes vulnérables. Pour l’instaurer, le gouvernement choisit alors un symbole : le lundi de Pentecôte.
Un jour « férié mais pas chômé »
La loi du 30 juin 2004 transforme ainsi ce jour férié en une journée de travail non rémunérée pour les salariés, et soumise à une contribution spécifique pour les employeurs (0,3 % de la masse salariale). L’objectif : générer près de 3 milliards d’euros par an, reversés à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA).
Dès lors, le lundi de Pentecôte devient un jour férié potentiellement travaillé : ce n’est plus un jour chômé par défaut. Certaines entreprises choisissent de le faire travailler, d’autres non, en fonction d’accords internes ou de conventions collectives. Cette particularité juridique brouille les repères : c’est le seul jour férié en France dont la « chômabilité » dépend d’un choix local.
Une ambiguïté toujours d’actualité
Même après l’assouplissement de 2008, qui permet de fixer la journée de solidarité à un autre moment de l’année, de nombreuses entreprises continuent de désigner le lundi de Pentecôte comme tel. Résultat : un flou persistant, à la fois dans la tête des salariés et des dirigeants.
C’est cette situation hybride — entre jour férié classique et journée de travail non rémunérée — qui fait du lundi de Pentecôte un cas aussi particulier dans le paysage français des congés.
D’hier à aujourd’hui : l’histoire mouvementée du lundi de Pentecôte

Le lundi de Pentecôte n’a pas toujours été un sujet de débat. Pendant plus d’un siècle, il a simplement été un jour férié religieux comme les autres, au même titre que Noël ou l’Ascension. Son inscription officielle dans la liste des jours fériés français remonte à la loi du 8 mars 1886, qui consacre plusieurs fêtes chrétiennes majeures dans le calendrier civil.
Mais tout bascule en 2003, lors de l’un des plus grands drames sanitaires modernes. La canicule exceptionnelle de cet été-là fait entre 15 000 et 19 000 morts en quelques semaines, principalement parmi les personnes âgées. Cette tragédie expose au grand jour les failles du système d’accompagnement de la dépendance en France.
Une loi née dans l’urgence
En réaction, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin crée un mécanisme de financement inédit : la journée de solidarité envers les personnes âgées et handicapées. La loi n°2004-626 du 30 juin 2004 prévoit que chaque salarié devra travailler une journée supplémentaire par an sans être rémunéré, tandis que les employeurs devront verser une contribution de 0,3 % de leur masse salariale à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA).
Le lundi de Pentecôte est alors désigné, par défaut, comme cette fameuse journée de solidarité. Il devient un jour férié… mais potentiellement travaillé. Une mesure aussi symbolique que controversée.
De la résistance à l’adaptation : la réforme de 2008
Face à la confusion générée par cette journée de travail non rémunérée imposée, de nombreux syndicats et élus locaux dénoncent une forme de travail gratuit déguisé. Grèves, fermetures administratives, protestations dans la fonction publique : le mécontentement monte.
En 2008, une réforme importante est votée. Elle assouplit le dispositif :
- La référence explicite au lundi de Pentecôte est supprimée du Code du travail.
- La journée de solidarité peut être fixée à n’importe quel autre jour, sauf le 1er mai.
- Elle peut même être fractionnée (par exemple en heures réparties sur plusieurs jours).
- Elle peut prendre la forme d’une suppression de RTT ou de récupération.
Depuis cette date, le lundi de Pentecôte redevient officiellement un jour férié classique… mais reste, dans les faits, encore très souvent utilisé comme journée de solidarité par habitude.
Le point juridique : obligations et liberté de l’employeur en 2025-2026
Depuis 2008, le lundi de Pentecôte n’est plus obligatoirement la journée de solidarité dans les entreprises françaises. Il est redevable au choix de l’employeur, dans le cadre fixé par la loi et les conventions collectives. Mais cette liberté peut être source de confusion, voire d’erreurs juridiques.
Le principe de base reste inchangé : chaque entreprise doit mettre en place une journée de solidarité par an. Elle consiste à faire travailler les salariés 7 heures non rémunérées (ou l’équivalent en temps de travail), afin de financer la prise en charge de la dépendance via une contribution patronale de 0,3 % de la masse salariale versée à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA).
Contrairement à une idée reçue, le lundi de Pentecôte n’est donc pas obligatoirement travaillé. Il peut tout à fait rester chômé, à condition que la journée de solidarité soit fixée à un autre moment. Il est possible de :
- travailler un autre jour férié non chômé (ex. : 11 novembre dans certaines branches),
- supprimer une journée de RTT,
- répartir la journée en heures sur plusieurs semaines,
- ou utiliser tout autre aménagement prévu par accord collectif.
Dirigeants : que devez-vous faire en pratique ?
Vous devez impérativement informer vos salariés en amont, par écrit (note interne, courrier, affichage, ou avenant de contrat) sur :
- la date retenue pour la journée de solidarité,
- les modalités pratiques d’organisation (horaires, récupération, etc.),
- le cadre juridique applicable (convention collective, accord de branche ou usage d’entreprise).
En l’absence d’accord collectif spécifique, c’est vous, en tant qu’employeur, qui déterminez librement cette date. Toutefois, toute décision unilatérale doit respecter les droits fondamentaux des salariés et être communiquée de manière claire et anticipée.
Une journée de solidarité… mais pas un jour férié comme les autres
Contrairement au 1er mai (le seul jour férié obligatoirement chômé et payé), le lundi de Pentecôte n’offre pas de protection automatique pour le salarié. Cela crée une situation ambivalente, propre au système français, où un jour férié peut être… travaillé sans rémunération.
C’est cette complexité juridique qui distingue le lundi de Pentecôte dans l’univers des jours fériés en entreprise.
Comment organiser le lundi de Pentecôte dans votre entreprise ?
Le lundi de Pentecôte, en tant que journée potentiellement travaillée ou non, exige une véritable anticipation côté RH. Pour les dirigeants, ce jour peut devenir un levier de communication sociale… ou un nid à malentendus s’il est mal géré. Voici comment éviter les faux pas.
Clarifiez les règles dès janvier
Dès le début d’année, intégrez la journée de solidarité dans votre calendrier social. Si vous choisissez de maintenir le lundi de Pentecôte comme jour travaillé, précisez-le dans un document interne transmis à l’ensemble des salariés (note RH, affichage, e-mail, bulletin de paie…). Cela permet de désamorcer les tensions et de garantir la conformité réglementaire.
Si vous préférez opter pour une autre date — RTT, jour férié alternatif, ou répartition horaire — indiquez-le tout aussi clairement. L’anticipation est ici votre meilleur allié RH.
Misez sur la concertation et la souplesse
Les entreprises les plus efficaces dans la gestion de cette journée sont celles qui ouvrent la discussion avec leurs équipes. Une simple consultation peut faire toute la différence :
- Envisagez des accords d’entreprise négociés,
- Ou proposez des formules flexibles : récupération, compensation horaire, télétravail,
- Favorisez une organisation sectorielle : ce qui fonctionne dans le BTP n’est pas forcément pertinent dans le tertiaire ou la restauration.
En impliquant vos collaborateurs, vous créez un climat de confiance tout en garantissant la bonne exécution de vos obligations.
Utilisez cette journée comme outil stratégique
Au lieu de subir cette journée, pourquoi ne pas en faire un outil RH au service de votre performance ? Voici quelques options qui ont fait leurs preuves dans des TPE et PME françaises :
- Organiser une journée de formation interne ou de transmission de savoirs,
- Prévoir un moment de cohésion d’équipe (team building, activité solidaire…),
- Lancer une opération spécifique (inventaire, refonte process, audit…),
- Ou au contraire : fermer volontairement pour maîtriser les coûts sur une journée à faible activité.
Le lundi de Pentecôte peut ainsi devenir une opportunité managériale bien plus qu’une contrainte administrative.
Impact économique : ce que coûte (ou rapporte) le lundi de Pentecôte à votre entreprise
Derrière la question juridique ou RH, le lundi de Pentecôte pose une question purement financière pour l’employeur. Entre coût du travail, contribution obligatoire, productivité réelle et organisation, le solde peut varier fortement selon votre secteur, votre taille… et vos choix.
Un coût direct pour l’employeur : la contribution de solidarité
Chaque entreprise doit verser une contribution de solidarité autonomie équivalente à 0,3 % de sa masse salariale brute annuelle. Celle-ci est due quelle que soit la date choisie pour organiser la journée de solidarité (lundi de Pentecôte ou autre).
En pratique :
- Pour une PME avec 30 salariés payés en moyenne 2 500 € brut/mois, cela représente environ 2 700 € par an.
- Cette charge est due même si l’entreprise ferme le lundi de Pentecôte.
Autrement dit, cette journée a un coût inévitable, même en cas de faible activité ce jour-là.
L’activité ce jour-là est-elle rentable ?
Dans certains secteurs (bureaux fermés, chantiers à l’arrêt, clients absents), maintenir l’ouverture le lundi de Pentecôte n’apporte aucune valeur ajoutée. Les entreprises qui y organisent malgré tout la journée de solidarité perdent mécaniquement en productivité.
À l’inverse, dans le commerce, la restauration, les transports ou les loisirs, ce jour férié peut générer un pic d’activité, notamment dans les zones touristiques ou urbaines. Selon plusieurs études sectorielles :
- Environ 70 % des commerces alimentaires et de proximité sont ouverts le lundi de Pentecôte,
- La fréquentation des centres commerciaux peut grimper de +20 à +40 % par rapport à un lundi classique,
- Certaines entreprises enregistrent leur meilleur chiffre d’affaires mensuel ce jour-là.
Dans ce cas, travailler le lundi de Pentecôte devient un levier de chiffre d’affaires, voire un avantage concurrentiel.
Fermer peut aussi être stratégique
Si votre activité est basse ce jour-là, fermer peut vous éviter de mobiliser du personnel inutilement. Cela permet aussi d’envoyer un signal social fort à vos équipes : respecter le jour férié quand ce n’est pas obligatoire peut renforcer votre marque employeur.
De nombreuses PME choisissent également de fermer ce lundi-là, tout en fixant leur journée de solidarité à un autre moment plus rentable ou moins sensible pour leurs équipes (vendredi creux, période d’inventaire, journée de formation…).
Calendrier des prochains lundis de Pentecôte : 2026 à 2030
Le lundi de Pentecôte est une date mobile qui tombe toujours 50 jours après Pâques. Cela signifie qu’il change chaque année et qu’il n’est pas fixé par une date calendaire classique. Pour anticiper son impact sur votre organisation, mieux vaut avoir une vision claire des années à venir.
Voici les prochaines dates à retenir :
| Année | Date du lundi de Pentecôte | Jour férié légal ? | Travaillé ou chômé ? |
|---|---|---|---|
| 2026 | Lundi 25 mai | Oui | Au choix (entreprise) |
| 2027 | Lundi 17 mai | Oui | Au choix (entreprise) |
| 2028 | Lundi 5 juin | Oui | Au choix (entreprise) |
| 2029 | Lundi 21 mai | Oui | Au choix (entreprise) |
| 2030 | Lundi 10 juin | Oui | Au choix (entreprise) |
Dans tous les cas, ce jour reste officiellement un jour férié au sens de la loi française. Mais depuis la réforme de 2008, il peut être travaillé si l’entreprise décide de le retenir comme journée de solidarité. Cette souplesse impose aux dirigeants une vigilance particulière en termes de planning, notamment dans les secteurs soumis à une forte saisonnalité.
Pourquoi anticiper dès maintenant ?
- Pour prévenir vos salariés et éviter les confusions,
- Pour adapter vos contrats ou accords d’entreprise en amont,
- Pour planifier vos pics d’activité ou fermetures potentielles,
- Et pour mieux organiser vos autres jours fériés et RTT autour de cette date.
Ce calendrier est aussi un outil de pilotage RH utile pour planifier vos formations, actions internes ou périodes creuses.
Et les autres jours fériés ? Pâques, Ascension, 8 mai… Ce qu’il faut prévoir
Le lundi de Pentecôte ne peut être pleinement compris sans l’intégrer dans le calendrier global des jours fériés en France. Certains d’entre eux sont souvent comparés entre eux, notamment dans les stratégies d’organisation RH. Voici ce qu’il faut retenir.
Les jours fériés à date mobile : les plus complexes à gérer
Certains jours fériés religieux varient chaque année, ce qui complique leur gestion :
- Lundi de Pâques : 1er lundi après Pâques (entre fin mars et fin avril),
- Jeudi de l’Ascension : 40 jours après Pâques, souvent situé en mai,
- Lundi de Pentecôte : 50 jours après Pâques, entre mi-mai et mi-juin.
Ces trois jours sont souvent concernés par la stratégie des ponts : ils tombent un jeudi ou un lundi, et ouvrent la porte à des week-ends prolongés. Ils peuvent donc être l’occasion d’utiliser une journée de RTT, de poser un congé… ou de fixer une journée de solidarité si ce n’est pas le cas du lundi de Pentecôte.
Les jours fériés à date fixe : mieux anticipés, mais parfois travaillés
Certains jours fériés sont fixés à des dates immuables, mais tombent parfois un week-end :
- 8 mai (Victoire 1945)
- 14 juillet (Fête nationale)
- 1er novembre (Toussaint)
- 25 décembre (Noël)
Hormis le 1er mai, aucun de ces jours fériés n’est obligatoirement chômé. Leurs modalités d’application varient selon les conventions collectives et les usages d’entreprise.
En tant que dirigeant, vous pouvez donc vous appuyer sur ces jours pour :
- définir votre stratégie RH annuelle,
- fixer la journée de solidarité sur l’un de ces jours (hors 1er mai),
- harmoniser les périodes de fermeture, ou anticiper les pics d’activité.
Ce qu’il faut retenir
Jour férié, journée de solidarité, levier de performance ou source de confusion : le lundi de Pentecôte est tout sauf un jour comme les autres. Bien géré, il peut devenir un outil stratégique au service de votre entreprise. Encore faut-il savoir l’anticiper.
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